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Comme si

10 février 2012

Une autre journée à retoucher le Rimmel du quotidien, d’autres heures à parfaire le vernis des bonnes manières, à récurer les tâches, laver les devoirs, étendre les espérances.

On ouvre les yeux en fermant les rideaux sur nos rêves, abandonnant aux égouts nos brûlants opiums, en ne se souvenant déjà plus de ces vérités qui n’avaient, pendant la nuit, aucune honte à marchander leur place au soleil à des monstres plus implacables qu’elles.

On savoure l’ordre de la bonne société nourricière, qui nous protège, nous extorque certes notre moelle, mais nous éloigne tout de même des barbares.

Pourtant, nos épidermes sont minces, nos tumeurs incandescentes. Pas étonnant que tous s’agitent dans cette ville. Peu nous sépare de la violence et de la déraison. Nous le savons tous, nous nous taisons tous. Nous faisons comme si.