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De la nécessité de tuer

Modifié le : 2019/08/04

Chaque jour où l’on mange aura été pré­cé­dé d’une mort. Cette réa­li­té n’est pas le propre de l’humanité, mais bien celle du vivant.. Depuis des mil­lions d’années, la roue de la vie plonge imman­qua­ble­ment ses aubes dans l’eau bénite et mor­tuaire de la nécessité.

Ne pas vou­loir se nour­rir pour ne pas tuer relève du sui­cide, et per­sonne n’y par­vient. Tôt ou tard, qu’il faille arra­cher une plante ou cas­ser le cou d’une bre­bis, le corps affa­mé s’insensibilise et mord dans la mort de l’autre. La Nature le veut ain­si et l’Homme s’incline.

On dira que la noblesse de cette race aura été de sacra­li­ser, un temps, cet acte. On affirme que les rituels appa­rurent pour cal­mer les contra­dic­tions du geste. On pour­rait éga­le­ment dire que, à force de tuer, on en vint à ne plus recon­naître les vaines prières de rédemp­tion. On oublie que l’on doit conti­nuer de tuer. On se perd en phi­lo­so­phies, on se gar­ga­rise d’un huma­nisme déli­cat, on tente d’amadouer ain­si ce contact quo­ti­dien avec la Grande Faucheuse.

Les végé­ta­riens diront qu’ils sont de moindres bour­reaux. Qu’en savent-ils ? Si ça se trouve, ils sont encore plus hypo­crites que ceux qui observent, les lèvres humides d’appétit, la ran­gée de cadavres éta­lés dans les boucheries.

Qu’on ne se trompe pas. La mort est néces­saire. Il faut lui redon­ner ses lettres de noblesse au lieu de la fuir et de se men­tir, d’oser croire qu’on notre âme ne ser­vi­ra pas de gueu­le­ton au pro­chain revers de l’Histoire.

Nous ne sommes pas dif­fé­rents des ani­maux. Que cela nous rende res­pec­tueux et par­ci­mo­nieux dans nos meurtres.

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