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En écoutant Schubert

Je n’écris plus ici. Un constat que je for­mule de temps en temps, comme si, dans son début d’automne, l’inspiration aban­don­nait mol­le­ment ses feuilles déla­vées dans l’attente d’une res­pi­ra­tion plus soli­taire et hivernale.

Je me suis pro­cu­ré une télé­vi­sion. Je n’en avais plus depuis 13 ans. C’est fou, l’avancement technologique…

Je meuble mes silences par des docu­men­taires en haute défi­ni­tion : la vie noc­turne des ani­maux, la vie angois­sée d’Andy Warhol. Avec ma tablette, je peux pas­ser une heure sur un jeu de patience, un temps fou à regar­der des vidéos inutiles, à obser­ver l’inconscience col­lec­tive. Avec mon Kindle, je lis beaucoup.

En ce moment, je me fas­cine pour les grands cycles pla­né­taires, ceux qui au départ n’ont rien à voir avec l’humanité. Les synodes Neptune/​Pluton, Uranus/​Neptune, et bien d’autres, que l’on peut asso­cier aux phases dra­ma­tiques de l’espèce humaine. Une belle soupe.

Il existe un index pla­né­taire qui mesure l’angularité totale des astres. André Bar­bault s’est ren­du célèbre entre autres choses pour avoir pré­dit de cette manière la pan­dé­mie de 2020. 2022 n’est pas en reste, le sys­tème solaire pos­sède en ce moment l’indice le plus bas depuis 1988. On nous pro­met une renais­sance en 2026. Et la troi­sième guerre mon­diale pour 2080. Genre.

Bref, du pareil au même ?

Pen­dant que Pou­tine se mas­turbe devant l’Ukraine avec le peu de vigueur qu’il lui reste, des cher­cheurs font voler des avions avec la seule force d’ions, arrivent tant bien que mal à domp­ter la fusion nucléaire. Notre conscience pour­rait être, selon cer­tains, le fruit d’une pro­ba­bi­li­té quantique.

Sans oublier l’ARN qui nous sau­ve­ra tan­dis que l’Afrique s’entre-tue sans qu’on ne s’en offense.

On choi­sit son spec­tacle. Nous en avons encore ce luxe. Notre des­tin se joue pour­tant à l’intérieur d’anneaux vau­dous. Nous sem­blons tou­jours croire que notre insou­ciance nous sor­ti­ra encore du trou.

Entre­temps, mon pro­fes­seur me demande de sélec­tion­ner un lied de Schu­bert. Il y en a tel­le­ment. Schu­bert a com­po­sé lors de la conjonc­tion (synode) Uranus/​Neptune du 19e siècle, et qui a mar­qué la période roman­tique, un temps où l’individualisme se décou­vrait dans son com­bat avec l’océan. Cent-soixante-douze ans plus tard, à par­tir des années 90, l’individualisme se redé­couvre et se perd dans les eaux tumul­tueuses et mou­vantes du vir­tuel nais­sant. On se pose les mêmes ques­tions. On tâtonne.

On peut faire dire n’importe quoi aux sym­boles, d’autant plus qu’ils s’entrecroisent et mélangent leurs couleurs.

Pen­dant ce temps, donc, je conti­nue de chan­ter, car je sais que je ne serai plus là pour le pro­chain tour de piste d’Ouranos et de Poséi­don. Je n’ai rien d’autre à dire pour conclure. Je ne suis qu’un élec­tron éter­nel, mû par des forces inef­fables. Autant retour­ner à Schubert.

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