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Le brouillard, ma foi, s’estompe

Le brouillard, ma foi, s’estompe. On se moque­ra de moi si je dis que Nep­tune s’éloigne de mon Soleil. Qu’importe, je suis maître de mon des­tin, à tout le moins de son inter­pré­ta­tion. Depuis deux ans, j’ai fait des deuils, mais sur­tout du ménage sans trop savoir où tout cela pou­vait me mener. J’ai aban­don­né ceci, cela, et main­te­nant, les choses semblent avan­cer bel­le­ment. Dans la fou­lée de ces pas, des miettes, quelques regrets, et le temps qui passe, amin­cis­sant chaque jour la superbe sur ma peau, me gri­son­nant les tempes et m’alourdissant les genoux.

C’est de la cer­ti­tude ? de la confiance en l’avenir ? Le ciel n’est pas si clair, tout de même. Il y a quelques jours, un jeune ami bré­si­lien m’affirmait que nous étions amis pour l’éternité en pré­ci­sant quelques heures plus tard que nous par­cou­rions des che­mins dif­fé­rents, lui cou­rant et pro­fi­tant de sa jeu­nesse (et de sa sexua­li­té), moi mar­chant plu­tôt len­te­ment (j’ai tou­jours eu un pas lent), m’enflammant comme une brin­dille sèche au moindre sen­ti­ment reçu, ne sachant s’il faut voir dans l’expression de mes sen­ti­ments de la dou­leur ou de la sagesse.

Ma voix, celle que je tra­vaille depuis cinq ans, a fini par atteindre ce contre-ut et même, par­fois, ce contre-ré. Je chante ces notes ultimes pour moi seul ou pour mon pro­fes­seur qui a la bonne idée de me faire revi­si­ter le réper­toire que je chan­tais au début. La voix est davan­tage là, satis­faite de s’être débar­ras­sée du car­can mili­taire et cas­trant de la cho­rale. Au début, je ne me las­sais pas d’annoncer à qui vou­lait l’entendre, et même au risque d’ennuyer tout le monde, toutes ces décou­vertes. Pour­tant, le véri­table appren­tis­sage du chant ne se com­prend que dans l’intérieur étroit de son corps. Il faut vivre pour connaître. Ah ! J’aurais bien pu être soliste… Ah ! J’aurais bien pu être pho­to­graphe, ou écri­vain célèbre. Oh ! La brin­dille qui s’enflamme encore, qui ne regarde pas à la dépense de sa sève sèche.

Voi­là pour le chaud/​froid de mes pen­sées, entou­ré du bon­heur d’être aimé, de l’amertume d’être seul, encore enclin aux rêves, tou­jours fru­gal d’espoir… Le brouillard, oui, s’estompe. Je n’en vois pro­ba­ble­ment que plus clair. À tout le moins, je sais que j’avance encore.

Quant à l’automne, il ne s’annonce pas aus­si colo­ré que l’année der­nière, il ne comble pas l’œil. Dis-moi, Nep­tune, lorsque tu me quit­te­ras en jan­vier, quel sera la cou­leur de l’océan ?

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