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Le sang de chaque route

Modifié le : 2016/09/05

Le sang de cha­cune des routes de cette ville res­semble à une théo­rie ner­veuse de lucioles. Moins nom­breux que durant le jour, les auto­mo­bi­listes et les camion­neurs filent à plus grande allure, le pied sur l’accélérateur, pesant comme un rêve éclair.

Suis allé au gui­chet auto­ma­tique y engouf­frer le fruit de mon labeur. Rien ne s’arrête vrai­ment dans une ville, rien ne s’immobilise tout à fait sur cette Terre. Lorsque nous dor­mons, des gens tra­vaillent un peu pour nous, lorsque nous nous réveillons, nous pre­nons un peu pour eux le relais.

J’ai cogné len­te­ment mon front contre ce mur réel, non pas pour me lamen­ter comme le font cer­tains hyp­no­ti­sés, mais bien pour cra­quer la faible écorce de ma conscience.

Mon esprit est un muscle ; il est comme cette nuit qui invente plus que des chats gris. Mes ren­contres sont des jours et des nuits rêvées. J’essaie de conser­ver mes yeux ouverts même si, moi aus­si, dois me blot­tir contre l’épaule du beau Mor­phée. Mais est-il ce qu’il pré­tend être ce bel­lâtre ? Il n’est qu’un papillon poly­morphe qui prend la forme de nos envies.

La vie s’impatiente quand on lui donne sans cesse la lumière de l’ambroisie. J’aime la nuit, j’aime com­prendre, j’aime décou­vrir. Il en va ain­si de nos ren­contres. Le fruit de leur hasard se croque comme une déli­cieuse pomme.

Mais ce soir-là, à n’encaisser que mon chèque dans une patiente et froide machine, il n’y avait per­sonne pour me racon­ter une his­toire. Je m’en suis retour­né sage­ment chez moi et me suis endor­mi. Mor­phée s’est cou­ché près de moi et m’a enivré.

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Classé dans :solitude

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