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Ma peau baromètre

Modifié le : 2019/08/04

Dans notre quo­ti­dien affai­ré, notre esprit est aux gou­vernes d’un uni­vers dis­trayant et sol­li­ci­tant. Il est ain­si heu­reux que, dans les étages infé­rieurs, l’on s’active dis­crè­te­ment, à l’affût de ses émois, exé­cu­tant ses volon­tés, en bonne machine qui ne se plaint qu’aux heures des repas, lorsque les pou­belles sont pleines ou quand les bat­te­ries doivent être rechargées.

Je lisais chez Havi Carel qu’être malade trans­forme l’opacité du corps. D’invisible, il reprend une place bru­tale au salon de la vie. Je ne suis pas malade, mais mon corps ne me rap­pelle pas moins à l’ordre.

Il me signale ain­si, par la peau, qu’il est temps de ralen­tir la machine. Ce sont sur­tout les yeux qui en pâtissent. Les pau­pières s’échauffent, les orbites s’assèchent, et, par moments de grand stress, le pso­ria­sis vide les marais.

Rien de bien grave pour l’instant.

Tu tra­vailles trop, dira l’une de mes cer­ti­tudes, tu angoisses trop, énon­ce­ra une autre. Tu cours après ton ombre ? iro­ni­se­ra la conscience.

Sans doute. Je ne sais quoi faire d’autre en ce moment. Je suis furieu­se­ment zen. Je ne tente aucune plainte. J’ai le mince espoir d’avoir les bonnes faveurs d’un édi­teur, qui s’est mon­tré inté­res­sé, mais sa réponse semble dan­ge­reu­se­ment tar­der. J’ai aus­si toutes mes heures, n’ayant pas de tra­vail en vue. J’ai mon appar­te­ment à ter­mi­ner, j’ai mon bud­get à redres­ser, j’ai mon ins­pi­ra­tion à recréer. C’est si peu de misère humaine, car de l’autre côté de la balance, on constate que j’ai un toit, que je mange et aime à ma faim. 

Je me répète, je tourne en rond à l’intérieur d’une insai­sis­sable quadrature.

Qu’on ne s’étonne pas alors d’une fai­blesse de la peau… Que mon corps m’excuse et qu’il me pro­tège. Je ne crie qu’à moi-même.

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