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Une promenade dans les contrastes

L’automne pro­jète ses contrastes. La jour­née a été chaude, douce pour les badauds qui, mal­gré le virus, ouvraient grande la bouche au soleil. Comme je devais aller cher­cher mes pres­crip­tions à la phar­ma­cie, j’ai déci­dé d’y aller à pied, puis faire quelques courses hâtives. Je ne sors pas beau­coup, j’en ai pro­fi­té pour cas­ser mes bot­tines neuves. Moi qui ai l’habitude d’écouter l’environnement urbain comme il se pré­sente, j’avais opté cette fois-ci pour mes écou­teurs et des mélo­dies éthé­rées. Mon regard, quant à lui, aveu­glé par les sons, ne repre­nait conscience que pour tra­ver­ser les rues, juger de la dan­ge­ro­si­té des pas­sants et, tel un chat, il se fixait sou­dai­ne­ment sur des contrastes de couleurs.

La sai­son en est fer­tile. La déli­ques­cence rejoint la phi­lo­so­phie triste de ce qui cir­cule dans mes veines. Chaque jour, je ne le répète que trop sou­vent, ou peut-être pas assez fina­le­ment, chaque jour donc je laisse le monde trans­per­cer le rideau pour­tant opaque de mon âme. Étrange phé­no­mé­no­lo­gie que de taire ses pen­sées pour per­mettre la belle caco­pho­nie des formes.

Huilt kilo­mètres plus tard, j’étais de retour à la mai­son, les pieds un peu endo­lo­ris tout de même. Les nou­velles bot­tines ne m’ont pas fait heu­reu­se­ment souf­frir. J’ai pris une douche, me suis éten­du sur le lit pour relaxer et j’ai som­bré dans un som­meil de début de vacances. J’ai rêvé pen­dant deux heures et demie. Je com­prends mal les crampes qui j’éprouve sou­vent aux jambes et au pied. Ils sont mus­clés quoique nou­vel­le­ment vei­nés de méandres dus à l’âge. Mon corps s’ossifie. Sur moi aus­si les contrastes.

Si j’étais un moine au Tibet, aurais-je toutes ces sen­sa­tions ? Si je m’évanouissais dans l’heure, qu’adviendrait-il du bagage lon­gue­ment amas­sé ? Qui pour­rait me pro­po­ser ses réponses tout en les gar­dant pour lui, elle ? Com­mu­ni­quons-nous ? Sommes-nous seuls ou fusion­nés de manière si absurde qu’on ne s’en rend pas compte ?

Pour­quoi est-ce aus­si beau et inac­ces­sible, bon et mau­vais ? Ma cer­velle, tel un vieux cir­cuit, est satu­rée. Durant la nuit, la pluie des songes le les­si­ve­ra afin que j’y marche à nou­veau. Tel est l’acte de vivre.

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